School business by Arnaud Parienty

School business by Arnaud Parienty

Auteur:Arnaud Parienty [Parienty, Arnaud]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


Un sentiment d’injustice

Cette réussite si étroitement liée à la capacité financière des parents engendre un sentiment d’injustice assez fort chez certains étudiants et professeurs. On peut le comprendre. Prenons un adolescent qui s’exprime correctement et qui, par l’éducation reçue dans un milieu familial très favorisé, a une bonne présentation et une certaine aisance en société. Ces qualités, qui peuvent sembler banales, ne le sont pas pour qui est habitué à côtoyer des jeunes hésitant entre mutisme et agressivité. Combien de jeunes de quinze ou seize ans savent serrer la main d’une personne inconnue et se présenter sobrement, sans timidité ni excès ? Imaginons que cet adolescent s’intéresse d’assez loin à ses études. En fin de seconde, étant parvenu à se maintenir autour de la moyenne, il (ou elle) opte pour la filière ES, car il est connu qu’en S « il faut travailler ». Après une première médiocre, qui lui ferme toute possibilité d’être admis en prépa ou en double licence, car son dossier scolaire en portera la trace, arrive l’année de terminale, décisive. Notre adolescent accélère, travaille un peu en vue du bac et beaucoup en vue des concours Link, Team, Sesame ou Accès, grâce auxquels les écoles de commerce à prépa intégrée recrutent. Surprise (car il se fait peu d’illusions sur son niveau scolaire) : il est admis dans plusieurs écoles.

Il y mène une scolarité agréable, entrecoupée de séminaires au ski et de stages à l’étranger. Le cocon doré dans lequel il a passé son adolescence se maintient. L’homogénéité sociale est même plus prononcée encore qu’au lycée. La charge de travail reste tout à fait supportable. Comme l’avoue très franchement un étudiant sur un forum : « Voilà je m’appelle Lionel, je suis en première année à l’ESSCA et je crois que je commence à regretter… En effet, l’ESSCA, c’est la glande… moi, je suis un gros bosseur et je me rends compte qu’à l’ESSCA, je ne vais pas me tuer5. » L’ambiance n’est pas trop stressante, car la plupart des étudiants terminent leur cursus sans un faux pli. Au terme de ces cinq années, ils trouvent un emploi en quelques mois et gagnent autant que s’ils avaient fait un bac S, une maths sup et une bonne école d’ingénieurs. On est loin du parcours du combattant souvent décrit dans la presse. Quelle est la recette miracle pour négocier de la sorte ce moment charnière ? L’argent, bien sûr.

L’analyse de ce qui se passe dans les écoles d’ingénieurs confirme le poids déterminant du montant des frais de scolarité. Les écoles d’ingénieurs postbac sont en pleine croissance. Pourtant, leur sélectivité est très variable. Alors que les INSA (Instituts nationaux des sciences appliquées), écoles publiques coûtant 600 euros par an, sont très sélectives – environ 2 000 places pour 13 000 candidats et une majorité de bacheliers avec mention très bien –, les écoles privées payantes, qui coûtent de 6 000 à 8 000 euros par an, sont accessibles à un bachelier scientifique moyen sans trop de difficultés. La moyenne



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